Une machine à laver pour Lucy ! 15


Ceux qui vivent à bord de leur bateau le savent bien, la lessive est un vrai problème, dont la solution habituelle est d’aller régulièrement à terre en annexe avec son linge, de partir à la chasse à la laverie, et de prier pour ne pas se prendre une mauvaise vague sur le retour. Les probabilités de succès peuvent être améliorées à l’aide d’un sac étanche, mais ça reste une corvée. Gérable pour deux adultes qui salissent leurs vêtements à un rythme raisonnable, mais tout à fait inenvisageable pour un bébé qu’il faut changer 10 fois par jour …. Et comme en plus on a décidé de tester les couches lavables, je ne vous raconte pas le bordel.

Du coup, on s’est décidés à installer une machine à bord, et on en profite pour faire le point sur les obstacles rencontrés en chemin.

Mais où vais-je bien pouvoir la caser ?

Si vous savez déjà où la mettre, n’hésitez pas. Si par contre, comme nous à l’époque où le projet a germé, vous avez passé plusieurs heures à jouer du mètre-ruban tout en proférant des incantations diverses en général annonciatrices de désastre imminent, « en démontant la moitié du carré, je pense que ça passe », sachez qu’il existe des modèles compacts et à fixation verticale, comme la Daewoo DWD-CV701PC.

Nous avons solidement fixé une planche verticale sous notre évier à laquelle nous avons arrimé l’objet, et l’ensemble nous donne entière satisfaction. S’il vous manque quelques centimètres en hauteur pour que ça passe (c’était notre cas), il existe aussi des bondes extra-plates qui pourront peut-être vous sauver la mise.

En prime, peut-être du fait qu’elle est solidement fixée, elle est extrêmement silencieuse !

Quid de l’eau douce ?

Alors là, pas de salut. Soit vous avez un déssal à bord (c’est notre cas), soit il faudra aller au port régulièrement.  Au passage, ces passages au port réguliers règlent aussi le problème de l’électricité, à moins que vous teniez absolument à faire vos lessives au mouillage !

Je n’ai pas de générateur, c’est mort ?

Nous non plus, et ce n’est pas un problème.

Il faut juste s’assurer que la puissance de la machine (par exemple 1500W) ne dépasse pas ce que votre transformateur 220V peut fournir. Histoire de compliquer les choses, la doc du transformateur mentionnera probablement un chiffre en VA. Si vous avez de la chance, il y aura aussi un « power factor » de mentionné, qu’il faut multiplier par les VA (par exemple, 2000VA * 75% = 1500W ; ouf, ça passe juste !)

Pour la quantité de courant utilisée, à moins d’avoir un parc de batteries monstrueux ou 1.5Kw de panneaux solaires comme nos amis d’Atao Plongée, ça ne va pas le faire, et il va falloir ruser (à titre indicatif, un cycle court avec notre machine consomme environ 100Ah@12V). La tactique que nous avons utilisée est de fournir de l’eau déjà chaude à la machine afin qu’elle n’ait pas à activer sa résistance, ou alors pas plus de quelques secondes. Il faut simplement installer un petit mitigeur réglable juste avant la machine pour éviter de lui fournir de l’eau à 90° pour un cycle « délicat ». Notre eau chaude étant produite par le refroidissement moteur, on tâche de faire nos lessives juste après qu’il a tourné, par exemple en arrivant au mouillage, mais si vous faites votre eau chaude avec un chauffage diesel, vous n’aurez pas cette contrainte !

Petite astuce au passage, il est possible de placer le mitigeur réglable directement en sortie de chauffe-eau pour réguler la température de tous les robinets en même temps. Ca évite de laisser la douche en position ultra-brûlante un jour ou l’eau était tiédasse et de se retrouver brûlé au 3ème degré quelques jours plus tard. Et puis avec un enfant à bord, c’est d’autant plus sécurisant

Et c’est pas trop abusé de balancer ma lessive à la mer ?

Si. Et la présence d’une cuve à eaux grises ne règle pas le problème, car il faudra bien la vider un jour. Tout juste évite-t-elle de décharger des produits limites-limites en plein milieu d’une réserve naturelle.

La solution pour limiter la pollution, c’est de faire vous-même votre lessive. Pas de panique, c’est super simple, et ça lave tout aussi bien. Et en plus, c’est rigolo et beaucoup moins cher. Il faudra juste apprendre à vous passer de la fameuse odeur de propre et de son cortège d’émanations plus ou moins nocives.

Il suffit de mélanger 40g de copeaux Savon de Marseille pur (en paillettes ou râpé, mais sans glycérine) à 1 litre l’eau tiède, et c’est tout (en vrai, on rajoute 10 gouttes d’huile essentielle de lavande  et 5 gouttes d’huile essentielle de tea tree) ! Attention, il est assez difficile de se procurer du savon de Marseille authentique (sans additifs plus ou moins naturels, attention à l’EDTA notamment), on a trouvé le nôtre ici. Bref, on mélange le tout, et si vous avez bien travaillé, vous obtenez un mélange assez visqueux et insaisissable à la cuillère. Il vous faut donc une seringue pour remplir votre machine (prenez une seringue « 2 pièces« , la partie noire en caoutchouc des « 3 pièces » ne tenant pas longtemps face à ce mélange particulièrement visqueux). Pour améliorer le lavage avec ce genre de lessive, et un cycle court à 40°C, les balles de lavage sont très utiles.

En guise d’adoucissant, du vinaigre blanc, éventuellement agrémenté de quelques gouttes d’huile essentielle – de lavande par exemple – fera parfaitement le job (pour les vêtements de bébés il vaut mieux mettre les huiles essentielles uniquement dans la lessive). Et enfin, s’il vous faut du détachant, il ne vous reste qu’à choisir entre bicarbonate de soude, cristaux de soude et percarbonate de soude (descriptif de leurs propriétés respectives ici).

Où stocker un séchoir à bord ?

Bon, je ne pense pas que quelqu’un se soit vraiment posé cette question, mais je voulais partager avec vous deux ou trois astuces.

D’abord, on peut passer une écoute de génois dans une drisse qu’on hisse jusqu’à la hauteur du point d’écoute du génois enroulé, ce qui nous permet de faire sécher deux draps de chaque côté sans qu’ils ne traînent sur la coque – pas forcément très propre – comme c’est le cas quand on les étend sur les filières.

Ensuite, comme nous avons la chance d’avoir un arceau et un portique, on a relié les deux par une vingtaine d’allers-retours de garcette, ce qui nous donne un étendoir géant au dessus du cockpit.

Enfin, nous avons découvert ce petit accessoire qui fait gagner un temps précieux et pas mal de place pour le petit linge, style sous-vêtements (ou les lingettes réutilisables pour laver les fesses de la moussaillonne).

Et les laves-linges pour camping-car ?

Ils semblent attrayants sur le papier, mais à y regarder de plus près :

  • il faut souvent faire une vidange manuelle, fatigant à la longue
  • Ils sont très compacts, mais pas beaucoup plus que le Daewoo évoqué ci-dessus. Comme ils ne se fixent pas au mur, vous risquez de devoir utiliser votre lave-linge à un endroit, et le stocker ailleurs. Au final, pas sûr que vous gagniez beaucoup de place.
  • Ils sont plus économes en énergie, mais nous avons vu que le problème pouvait être réglé en utilisant l’eau chaude produite par le refroidissement moteur.

D’un autre côté, ils sont beaucoup moins chers, et sur un petit voilier où la place est vraiment comptée, pourquoi pas… mais une laverie dépannera tout aussi efficacement …bref, nous n’avons pas essayé, donc nous nous garderons d’émettre un avis trop péremptoire !


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15 commentaires sur “Une machine à laver pour Lucy !

  • pascale

    bonjour
    merci pour votre retour
    je croyais qu’il devait être positionné en hauteur car il n’y a pas de pompe pour la vidange (d’où le côté silencieux) ???

  • Seb ses

    Et l essorage ? Ça n’arrache pas la planche à laquelle est fixée la machine ? C’est dingue comme des trucs simple du quotidien peuvent demander autant d’adaptation et d’ingéniosité sur un bateau ! E’ tout cas bien joué !! Gros bisous

  • Charriere

    Bravo! C’est pas toujours gagné effectivement d’avoir du linge propre en mer, qui plus est avec les enfants. Et on connaît le problème on en a deux à bord de 2 et 7 ans. Pour l’instant on courre encore les laveries MS je ne désespère pas qu’un jour….. On a rencontré un couple qui mette le tuyau d’évacuation dans un bac et avec l’eau récupérée ils lavent leur pont! On a trouvé ça génial. Gros bisous en attendant les vrais!

  • GABART Dominique

    Bonjour,
    merci pour cet article passionnant car je désire moi aussi équiper mon cata avec une machine à laver et la daewoo avait déjà attiré mon attention !
    mais j’ai un doute sur la consommation électrique car mon convertisseur ne fait que 1200 W est-ce que cela sera suffisant pour le démarrage ?
    et on ne trouve nulle part cette info capitale !
    Cordialement

    • B Auteur de l’article

      Bonjour !
      si l’eau est à température, la machine ne consomme que quelques Ampères, y compris au démarrage (par contre, si il faut chauffer l’eau, les 1200W seront un peu juste, de mémoire on était plutôt autour des 1500W).

      La daewoo a un programme « Synthétiques 20° » qui lavera a 40° si on lui fournit de l’eau à 40° (et ainsi de suite), donc c’est peut être la solution !

      • Gabart Dominique

        merci pour cette rapide réponse qui entraine une autre question : quelle est la consommation d’eau ?
        j’ai un chauffe eau de 40 L sur le circuit de refroidissement du moteur est-ce suffisant ?

        • B Auteur de l’article

          Le programme standard consomme 36l d’après le manuel, mais si votre moteur tourne depuis plusieurs heures, le chauffe au sera probablement à 90 degrés environ, et le mitigeur coupera l’eau chaude avec pas mal d’eau froide, ce qui vous permettra probablement de faire deux machines voire plus !

  • mick

    Bonjour ,
    Alors voila j ai besoin d’un petit coup de main ,
    On construit un chatam 40 qu on a mis a l eau il y a un mois. Puisque notre habitat a désormais triplé de volume ( on vivais dans un 8m avant )
    on a decidé de se payer le luxe d avoir une machine a laver … heureusement qu il y a deawoo !
    on a recu la bête , mais il manque plein de chose sur la machine , comme l arrivé d eau par exemple ,
    Est ce que vous pourriez nous envoyer une photo de votre machine ( face avant ) pour voir ce qu il nous manque ? par ce que je me bat avec le SAV qui ne comprend pas ce qui manque !

    merci a vous

    Mickael
    mick.bco@gmail.com

    • B Auteur de l’article

      L’arrivée d’eau est microscopique, j’avais mis un bon moment à me gratter la tête aussi ; Malheureusement, impossible de prendre une photo, le capot a été placé au prix de multiples contorsions que je ne suis pas prêt à reproduire de sitôt ! Dans mon souvenir le branchement se fait par l’arrière ceci dit !
      Bon courage pour la fin de l’installation, et au plaisir de vous croiser sur l’eau (le chatam 40, c’est un peu le petit frère de l’Atlantis 430 … vous avez fait la coque vous même ?)

      • mickael

        salut.
        merci pour ta rpd .
        c est tout bon .il m ont renvoyé. le petit colis qu il manque . tout est plus claire maintenant . je vais pouvoir l installer des que je trouve un peu de temps pour cela .
        pour le chatam nous avons acheté une coque nus avec le pont d occasion . et nous avons fait le reste .du sablage j usqu a la fabrication des toilettes seches. il y a quelques photos sur facebook pour les curieux . chercher . dugong un canot pour une vie differente.
        bon carenage.
        et bonne nav

  • Daja & Ivo | voilier Silkap

    C’est vrai qu’une machine est toujours un plus. Mais sans bébé à bord les lavanderies sont indispensables pour les draps et les choses volumineuses.
    Nous avons acheté une petite machine à laver manuelle « White Magic » pour max 2.5 kg, on tourne le tambour avec une manivelle. Mais l’essorage c’est avec nos propres mains.
    Votre idée d’attacher la corde (pour le séchage) dans l’œillet de l’écoute du génois est super, on y avait pas pensé. On essayera la prochaine fois !
    Bon vent !