Les Baléares 5


Je vous préviens tout de suite, on a beaucoup plus accroché avec les Baléares qu’avec la Corse, et pourtant, on a bien aimé la Corse. Tout compte fait, à bien y réfléchir, on pense que la Corse n’y est pour rien.

D’abord, nous sommes maintenant carrément hors-saison, et il n’y a donc personne. Les seuls voiliers que nous croisons sont équipés grand voyage, et ça fait une ambiance tout de suite différente. En Corse, les voiliers de location étaient partout ; ils n’étaient pas gênants en navigation (ils semblaient tous connaître à peu près les règles de priorité, ce qui n’était pas le cas des petits bateaux à moteur qui font vraiment n’importe quoi), mais ils sautaient aux yeux au mouillage : il n’y a qu’un bateau de loc pour venir, dans une crique immense, se positionner pile sur votre ancre et jeter 5m de chaîne dans 5 de fond…. Malgré la haute saison, nous avions trouvé en Corse des petits coins de paradis, dont une baie paradisiaque où nous avions été absolument seuls pendant toute une semaine !

Cala Magraner à Minorque, hors saison

Ensuite, nous ne sommes plus pressés par le temps. Contrairement à la Corse où nous avions reçu en deux mois pas moins de cinq groupes d’amis différents – sans oublier un mariage, deux rendez-vous chez le pédiatre, deux autres chez l’ostéo, et deux à la préfecture pour le passeport d’Elaya -nous n’avons absolument rien de prévu pour les six mois qui viennent… une libération !

Enfin, Elaya a maintenant cinq mois, et nous retrouvons des sensations oubliées, comme une nuit de 5h ininterrompue ou une longue balade à terre après une traversée de 20mn en annexe. Après un été passé principalement cantonnés sur le bateau, nous retrouvons le plaisir de visiter les terres.

Tout ça pour dire que nous ne sommes peut-être pas très objectifs, mais nous avons vraiment adoré les Baléares. Les trois îles qui les composent (en fait quatre : Majore, Minorque, Ibiza et Formentera, les deux dernières étant vraiment collées) sont cernées de falaises, elles-mêmes criblées de calas bien abritées et renfermant des petites plages, souvent inaccessibles par voie terrestre. Exceptée la – très mal nommée – Cala Romantica, à la plage envahie par un village de vacances et dont les eaux turquoise sont sans cesse troublées par de gros catas à fond transparent remplis de touristes, il n’y a personne ici. D’ailleurs, nous avons vu dans ces bateaux de promenade beaucoup d’enfants, y compris français, et nous nous sommes longtemps demandé pourquoi ils n’étaient pas à l’école ; mais après tout, les nôtres non plus ! Je dis les nôtres parce que nous sommes toujours avec Huapaé, leur fils de deux ans (Léo) et leur fille de 7 ans (Juliette) qui, elle, fait l’école à la maison (enfin sur le bateau).

Notre belle Lucy, toujours Cala Magraner

Pour couronner le tout, le vent semble toujours souffler dans le bon sens. A part trois heures où nous avons fait du moteur, moins pour avancer que pour tenter de ressusciter nos batteries de guindeau, les navigations se sont faites à la voile, et en majorité sous spi s’il vous plait (c’est la belle voile ci dessous) ! Mention spéciale à notre dernière étape sur Majorque, où nous nous sommes retrouvés au beau milieu d’une cinquantaine de bateaux en pleine régate tractés par des spis bien gonflés . Là encore, nous allons aussi vite que Huapaé, pourtant en théorie bien plus rapide. Cette fois, c’est le cap qui nous favorise. Notre spi symétrique (bien que gréé comme un asymétrique) nous permet de faire un cap direct tandis qu’ils sont obligés de tirer des bords de grand largue.

Cap sur Majorque sous spi !

A Formentera, l’île la plus au sud, nous retrouvons Diatomée – que nous avions brièvement croisé en Corse – et Mekatxis avec qui nous avions passé une semaine à Valence il y a six mois. J’en profite pour étudier avec attention le système de panneaux solaires orientables sur filières de ce dernier (c’est l’item n° 124 sur notre to do list). Diatomée a à bord des amis Suisses qui ont eu le bon goût de descendre avec de quoi faire une fondue savoyarde, caquelon compris. La dernière fois que nous avons mangé chez eux, c’était à Carthagène en février dernier, et c’était déjà une fondue savoyarde. Nous goûtons aussi du « vrai » vieux gruyère suisse. Il est bien meilleur – que dis-je, c’est incomparable – mais nous pensons tout de même que c’est du faux, le vrai étant vendu soit avec des trous, soit sous sa forme râpée, et ayant une vague parenté avec du plastique.

J’avais écrit en début d’article que nous étions sans contraintes : ce n’est pas tout à fait vrai, puisqu’entre temps nous avons convenu de retrouver Colette et Jean-Michel à Carthagène, dans le sud de l’Espagne. L’occasion parfaite pour se faire livrer une montagne de choses que nous avons fait livrer chez elle – ils descendent en fourgonnette – dont les nouvelles batteries pour le guindeau (et le propulseur d’étrave) que j’attends avec impatience. C’est que ça fait un mois que je remonte notre mouillage à la main, ancre de 35kg comprise…

La fenêtre n’est pas absolument parfaite pour traverser, mais avec une semaine devant nous nous n’avons pas vraiment le temps d’en attendre une meilleure, et nous partons donc. La journée devrait se passer au portant et nous permettre de nous rapprocher du continent. Ensuite, ce sera de la pétole et du moteur. Au passage, j’ai enfin dégrippé notre anémomètre en tête de mât ; ça faisait pas loin de six mois qu’il affichait désespérément zéro !

 

 


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